jeudi 10 janvier 2013

ADIEU L'ARTISTE !


Jorge Sélaron a été retrouvé mort aujourd'hui, à 65 ans -environ- sur les marches de son escalier dans le quartier de Lapa à Rio de Janeiro !

J'ai voulu aujourd'hui lui rendre hommage, il n'a pas le "style" des mosaïstes que nous connaissons, mais, c'est sa démarche que je salue, il a égayé le quartier qui monte à Santa Térésa, le quartier des artistes, mais aussi, un quartier de gens des rues, un quartier visité grâce à lui par les touristes du monde entier, mais un quartier dangereux, comme beaucoup d'endroits dans cette ville où vivent mes enfants !

Il était peintre, céramiste et mosaïste pour son "escalier" que j'ai pu admiré en 2007  et en 2009.

Je vous mets ci-dessous un article paru il y a quelque temps afin que vous découvriez l'homme et ce qu'il a réalisé :



A Rio, Selarón, fou des escaliers jusqu'à la mort

Jorge Selarón a rencontré Picasso, Dali et Andy Warhol, voyagé dans 57 pays pour s'établir à Rio et transformer une vulgaire volée de marches en une des plus célèbres œuvres d'art du Brésil, connue dans le monde entier et vitrine de la ville.


 
Jorge Selarón est chilien, artiste et star. Selon ses propres, mots "Dieu seul sait quel âge il a". Ayant quitté son pays à l'âge de 17 ans pour Barcelone où il commence à peindre, il n'aura dès lors de cesse de voyager à travers le monde en approfondissant son art.

En arrivant au Brésil, en 1983, sans argent et sans connaître un mot de portugais, il a un but  : devenir célèbre, pas comme un peintre reconnu mais bien comme le plus fou et le meilleur dans son domaine. 

Née d'un troc, sa marque de fabrique devient sa signature

A New-York où il a vécu plusieurs années, un entrepreneur lui avait laissé, pour un dollar, cent pots de peinture marron, un troc pour le moins étrange. Ledit entrepreneur lui avait à l'époque déclaré, l'air inspiré, que ce don lui porterait chance...
De fait ce cadeau devient sa marque de fabrique. Pendant quinze ans, il peint un tableau par jour, sur un thème unique, une femme enceinte, avec une seule couleur, le marron. Il en comptabilisera plus de quatre mille.
Pour compléter le marron, il ajoute une teinte de rouge qui fait vendre "tout ce que tu veux vendre tu le vendras plus vite avec du rouge ! " dit-il.
Sa signature reconnue, il s'attaque alors à un nouveau projet qui deviendra son œuvre majeure : transformer l'escalier où il habite, dans un quartier en plein cœur de Rio, désaffecté à l'époque.

Il commence par balayer les marches jour après jour (un rituel conservé depuis). Puis il installe des baignoires dans lesquelles il plante des arbres. Il en vient peu à peu à recouvrir les murs d'azulejos (carreaux de faïence), rouges naturellement !




Par la suite ce sont les marches qu'il recouvre en vert, bleu et jaune, les couleurs du Brésil dont il est tombé amoureux. Quant aux quatre-vint-six baignoires détournées, elles aussi seront ornées d'azuleijos divers et variés.

Les marches de son escalier le rapprochent chaque jour de l'immortalité

Avec son bob et son T-shirt rouges, lorsqu'il signe des autographes sur les carreaux de faïence vendus aux touristes du monde entier, Selarón n'est pas dans la vente, il est dans la pub, la construction de son propre personnage immortel.

Quand il se met à travailler avec son associé, c'est l'artiste qui s'exprime.
"De 18h à 9h du matin cet escalier est public. Par contre, le jour, c'est mon œuvre et c'est moi qui décide, personne d'autre !".



Ajoutant des pièces, en retirant d'autres selon ses désirs et selon les trouvailles apportés par les touristes qui veulent aussi immortaliser leur passage, il façonne son "œuvre inachevée" et, par essence même, impossible à terminer.
Le personnage, avec ses bacchantes et ses airs d'ours, envoie paître Picasso et Andy Warhol quand on lui demande son avis "Ce ne sont pas de vrais peintres ou sculpteurs, ils ont au mieux copié des choses existantes, mon travail est totalement unique et inédit".

Si on lui parle de la similitude de son travail avec celui de Gaudi à Barcelone, l'animal s'insurge et assure que ce dernier n'est pour rien dans son processus de création. "Je n'étais même pas peintre à l'époque, juste un jeune en baroude qui voulait voyager".

La préfecture de Rio a bien compris l'intérêt de son travail pour la ville. A l'heure des travaux d'embellissement du quartier avant la Coupe du Monde de 2014 et les JO de Rio en 2016, l'aspect et l'attraction touristique de la rue ne dépendent plus que de lui.

L'homme a la soixantaine bien sonnée. Il continue à balayer les marches de son escalier devenu désormais "l'escalier Selarón". Rien ne presse pour aller le voir. Il est en excellente santé et ne compte poser le dernier azulejo que le jour de sa mort qui consacrera le travail d'une vie et l'hommage rendu à Rio, la ville dont il est fou.




2 commentaires:

kinette a dit…

hello Mimi je partage ton gout,pour les art de la rue, mon fils m'a fait des photos d'un escalier et d'une ruelle mosaiquée à valparaiso au chili par un peintre qui y a son atelier... l'exubérance latine et l'administeration non tatillonne surement!

antigone a dit…

Très bel hommage, merci pour cet article !